Pierre
Brasseur est né en 1974 à Nancy. Il a d'abord rêvé d'être
pompier. Quand il ne savait pas lire, il aimait que ses parents lui
lisent Croc-blanc et Pomme d'Api.
Il
a passé à Rabat, au Maroc, les années 1980, ce qui lui a épargné
l'essor du modèle individualiste, admiratif de Bernard Tapie, qui a
gravement affecté à cette époque-là un certain nombre de petits
Français. À la place, il lisait des bandes dessinées, Alexandre
Dumas, Jules Verne et Agatha Christie. À six ans, il écrivait des
quantités d'histoires. À sept ans, il a arrêté d'écrire.
Il croyait aussi que les Français étaient branchés et révoltés. Puis il est entré en seconde, à Troyes,
dans l'Aube. Il
s'est replié sur Marcel Proust et l'Atari 520 ST.
Plutôt
que de quitter la France, il s'est retrouvé à Nancy. Ses
professeurs disaient que la khâgne était l'élite de la société,
bien au-delà des petites mains qui font Polytechnique. Il a lu
Rimbaud et Cervantès.
Le
travail semblant un esclavage, il a choisi la drogue et le RMI.
Il a soudain réussi le Capes de lettres, mais à démissionné après
trois semaines. Il a alors cessé la drogue et a tenté d'œuvrer à
une nouvelle de science-fiction, seize ans après avoir arrêté
d'écrire. Il lisait Philip K. Dick et Paul Bowles.
Après
une parenthèse lilloise et troyenne, les années 2000 l'ont vu
stagner à Nancy. Il y fut, à l'occasion, pion, veilleur de nuit,
cueilleur d'abricots et employé d'administration. Il a écrit
Hortense Harar Arthur
(Baleine) et fondé la revue Parasites
(trois numéros). Il a lu Rabelais, Flaubert et Stendhal. À nouveau
reçu au Capes et bi-admissible à l'agrégation, il a renoncé à
son poste à Niort sans y avoir mis les pieds.
En
2010, il s'est installé à Paris, en travaillant comme rédacteur
dans une agence néolibérale. Il a publié Je suis un
terroriste (Après la lune) et
voyagé au Maroc, en Inde, au Laos, en Bolivie, dans les Antilles et
en Belgique. Il a enfin lu ses contemporains, de Virginie Despentes à
Sophie Divry.
Il
est désormais pantinois, père de famille et de centre-gauche (il vote
coco.) Il préfère le tournedos saignant aux sushis et aux burgers,
Rome à New York, et les paumés des PMU aux cravateux de BFM.